Ventes

Pendant longtemps, les crieurs de journaux ont personnifié l'instant où toute l'activité journalistique prend son sens, celui où elle atteint la société.

Les nouvelles essentielles, le public les apprenait d'abord de la bouche de ces fantassins de l'actualité. Ce n'est plus guère le cas. Les formes de diffusion, et même les modèles économiques sur lesquels se fondaient la presse évoluent à une vitesse vertigineuse. Mais si fracassante que puisse être une information, elle n'aura plus tout à fait le même goût que lorsqu'elle était claironnée sur la voie publique : "deeemandez Paris-preeesse !"


Ces casquettes témoignent à elles seules des mutations de l'immédiate après-guerre. Dès 1944, plusieurs des fondateurs du quotidien Défense de la France sont progressivement écartés au profit de l'équipe des professionnels menée par Pierre Lazareff et le journal est rebaptisé France-Soir. Mais étranglé comme les autres journaux par les exigences et les grèves du puissant syndicat du livre celui-ci achèvera sa mue en fusionnant - sous l'égide de la librairie Hachette - avec son concurrent Paris Presse, lui aussi en grande difficulté. Bientôt, le titre France-Soir restera seul en lice.

Le sac, quant à lui, renvoie à l'ère d'Emilien Amaury. Après la mort du fondateur du Parisien libéré (1977), ses enfants se partagent âprement le groupe de presse. Les quotidiens iront à l'un et les magazines à l'autre : Marie-France ne voisinera donc plus avec le Parisien et l'Equipe.