Racines

Sur cette planche contact* figurent deux hommes politiques... mais combien de journalistes ? François Mitterrand pourrait passer pour tel : après avoir collaboré avant la guerre au quotidien L'Écho de Paris (droite nationaliste), il a animé vers la fin de celle-ci le journal L'Homme libre du mouvement des prisonniers et déportés (MNPGD), pour lequel il a notamment couvert comme journaliste le procès de Pétain (il signe ici l'éditorial sous le nom de guerre de François Morland). Mais ses fonctions éditoriales les plus inattendues sont celles qu'il a assumées quelque temps comme directeur du magazine Votre Beauté, emploi insolite offert à un Mitterrand désargenté par des amis bien placés. Pour autant, les rencontres du futur président français avec la presse, dictées par des considérations idéologiques ou financières, ne suggèrent aucune affinité particulière pour le journalisme, comme cela se confirmera par la suite.

Il en va tout autrement pour son interlocuteur, René Levesque. Le Premier ministre du Québec avait fait ses débuts de journaliste à 15 ans au sein de la station de radio CHNC puis à Radio Canada. Correspondant de guerre en Europe, il couvrira plus tard la guerre de Corée avant d'animer l'influente l'émission d'actualité « Point de mire » à la télévision canadienne. S'il se laissera attirer, comme bien des journalistes, par la politique (jouant un rôle capital dans l'édification du Québec moderne) il se distinguera de ces derniers en ne perdant pas de vue ses racines professionnelles. Ayant abandonné ses fonctions en 1985, il retournera à son « vrai métier », collaborant au Journal de Montréal, animant l'émission de radio « Points de vue sur l'actualité » et produisant des émissions spéciales à Télé-métropole.

08-09-1944

 

   06-1983 

             

(détail)

 

* Avant l'essor du numérique, les planches contact permettaient d'examiner la totalité d'une pellicule en plaçant celle-ci sur une feuille de papier photosensible que l'on exposait à la lumière avant de la développer comme une photo ordinaire. Un crayon gras était utilisé pour spécifier les vues à tirer, en indiquant éventuellement leur recadrage.