25-12-1892 |
Scandales Dénoncer les scandales,
c'est fort bien. Mais c'est encore mieux quand on n'y est pas
soi-même impliqué. Au XIX° siècle, et
jusque dans les années 30, une partie de la presse et
du monde politique avaient multiplié les liaisons douteuses
avec des entrepreneurs non moins douteux, voire des escrocs purs
et simples. L'affaire du Canal de Panama, qui a ruiné
des dizaines de milliers de petits épargnants, a constitué
un des sommets du genre. Elle n'a pas seulement touché
les feuilles spécialisées dans le trafic d'influence
et les fausses nouvelles boursières, mais aussi des titres
et des hommes en vue. C'est le cas de Georges Clemenceau, qui
accepta les fonds d'un affairiste pour financer son journal La
Justice, ou encore d'Emile de Girardin. D'abord très critique
vis-à-vis du projet, le fondateur de La Presse, changera
tout à coup d'avis et rentrera au conseil d'administration
de la compagnie du canal. Le pamphlétaire antisémite
Edouard Drumont aura beau jeu de dénoncer les « chéquards »
dans son propre journal, la Libre Parole.
« Qu'avons-nous
constaté dans cette triste affaire de Panama? D'abord
- je le dis bien nettement - que la puissance de l'argent avait
réussi à s'emparer des organes de l'opinion et
à fausser à sa source, c'est-à-dire dans
l'information publique, la conscience nationale.» |
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