Neutralité
Dès lors que, selon la formule attribuée à Eschyle (et à d'autres), « la première victime des guerres est la vérité », un bon moyen d'éviter les biais du patriotisme, voire ceux de la censure et de la propagande, est de recueillir ses informations auprès de pays non impliqués dans le conflit. Et en matière de neutralité, la Confédération helvétique n'a pas son pareil.
Ainsi, ces portraits des « grands constructeurs d'avions allemands » peuvent-ils surprendre alors que les bombes desdits avions avaient ravagé la moitié de l'Europe, mais le journal ne manquait pas de publier côte à côte les communiqués alliés et les déclarations allemandes. La nature de l'« ennemi » variant selon l'origine des affirmations, un peu de gymnastique mentale était nécessaire pour ne pas en perdre le fil.
08 1915
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15 03 1941
La neutralité géopolitique n'exclut cependant pas les sympathies culturelles : pendant la première guerre mondiale, en particulier, la presse suisse alémanique trahissait un net penchant pour les empires centraux, tandis que son homologue francophone ne cachait guère sa préférence pour l'autre camp, allant même jusqu'à entonner la marseillaise en couverture.
Du moins de multiples opinions pouvaient-elles se faire entendre à l'intérieur du pays, qui était déjà une oasis de liberté d'expression au XVIIIe siècle.
Et si, en 1939, un arrêté du Conseil fédéral charge l'armée de surveiller les médias suisses, ce contrôle ne se rapprochera jamais de la sévère censure que subissaient les autres pays d'Europe continentale.
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